lundi 26 avril 2010

SOCIAL

Publié le 26/04/2010 11:48 - Modifié le 26/04/2010 à 15:40 | © 2010 AFP
Airbus : les syndicats français durcissent le conflit salarial


Eric Cabanis AFP/ArchivesLes syndicats français d'Airbus ont durci lundi le conflit avec la direction du groupe aéronautique européen en décidant des actions de blocage de production et des grèves tournantes pour obtenir satisfaction de leurs revendications sur les salaires et les embauches.

L'activité des usines françaises du constructeur européen devrait être pour le moins perturbée pendant toute la semaine, les organisations de salariés se prévalant d'un taux de syndicalisation de 60% parmi les 20.000 salariés d'Airbus en France.

Les syndicats, qui formulent également des demandes d'embauche à la hauteur de celles envisagées chez leurs collègues allemands, affichent en outre une unité d'action peu courante ces dernières années entre la majorité FO-CFE/CGC et les syndicats minoritaires CGT et CFDT.

Une intersyndicale des cinq organisations FO-CFE/CGC-CFTC-CGT-CFDT s'est constituée à l'occasion des négociations salariales annuelles pour réclamer 3,5% d'augmentation des salaires, comme en 2009, alors que la direction proposait initialement 1,5%.

Face à la grève de plusieurs milliers de salariés vendredi dans les usines d'assemblage de Toulouse et dans la fabrication de fuselages et de cockpits à Nantes et Saint-Nazaire, la direction répondait avoir relevé ses propositions à +1,9%, une "avancée significative" selon elle.

Le directeur des ressources humaines Thierry Baril dénonçait alors les "positions déraisonnables" de certains syndicats en soulignant: "On ne peut pas découpler la situation économique de la politique salariale". Airbus proposait un délai de réflexion de 10 jours aux syndicats.

L'intersyndicale a riposté lundi en programmant des actions de blocage sur toute la semaine pour "forcer la direction à revenir à la table des négociations".

A Toulouse, le site d'assemblage français, qui emploie près de 12.000 salariés, les syndicats appellent à "bloquer le déchargement des avions cargos Beluga qui amènent les tronçons d'avions fabriqués dans les autres usines européennes", a déclaré le délégué FO Jean-François Knepper devant la presse.

Les syndicats vont en outre organiser des grèves tournantes par secteur et organiser des collectes d'argent au profit des grévistes.

Lundi, les syndicalistes comptaient bloquer l'assemblage des longs courriers A330 et A340 de midi à minuit.

Le mouvement doit concerner l'assemblage des A320 toute la journée de mardi, de l'A380 mercredi, l'activité d'une usine de pièces jeudi. Vendredi, c'est le bureau d'études et le siège qui sont appelés à faire grève, a détaillé M. Knepper.

Des réunions intersyndicales devaient aussi définir les modalités d'action sur les sites de Nantes et Saint-Nazaire.

Les syndicats français s'insurgent contre la rigueur financière, refusant de subir l'impact des pertes du futur avion militaire A400M intégrées depuis 2009 dans Airbus. "Nous demandons l'égalité de traitement avec les autres branches d'EADS: chez nous la participation va être de zéro euro et l'intéressement de 557 euros chez Airbus, alors que chez Astrium (satellites) la participation sera de 2.700 et l'intéressement de 1.000" euros, a souligné M. Knepper.

Les syndicats français réclament par ailleurs autant d'embauches qu'en Allemagne.

Selon le représentant FO, il devrait y avoir 700 à 800 embauches en Allemagne cette année après les milliers de suppressions d'emplois du plan de restructuration de 2007-2010 (Power 8). "La pression est grande sur les salariés alors que les cadences de production augmentent", a-t-il dénoncé, rappelant que le groupe avait livré près de 498 avions l'an dernier, un record.

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