mardi 16 novembre 2010

Deux villages sous le choc


Publié le 16/11/2010 08:19 Christian Sarrabayrouse.
Deux villages sous le choc
Dans un choc d'une violence inouïe, Anthony Crouau a trouvé la mort tandis que le passager du deux-roues, Saïd Kouch, est grièvement blessé./Photo Laurent Dard.
OAS_AD("Position1");

Dimanche soir, Anthony Crouau, 17 ans, de Labastide, a été tué sur le coup sur la RD929 à Lannemezan. Le passager du deux-roues, Saïd Kouch, un copain du même âge, originaire de Beyrède, est grièvement blessé.
La nuit, le brouillard et une pluie fine. La chaussée était glissante et la visibilité réduite lorsqu'a eu lieu une effroyable collision, dimanche, à 18 h 20, sur la RD 929, entre le rond-point de la Demi-Lune et celui de l'A 64. Un cyclomoteur et une Mercedes se sont percutés frontalement et de plein fouet. Un accident qui plonge aujourd'hui deux familles dans la douleur et le désarroi.
L'automobiliste avait dépassé une file de voitures et un camping-car quand s'est produit le drame. Le conducteur du deux-roues, Anthony Crouau, âgé de 17 ans et originaire de Labastide, apprenti chez un pâtissier de Lannemezan, qui suivait une formation alternée au CFA, a été tué sur le coup. « Toute mort est douloureuse quand il s'agit d'un jeune », déclarait, hier, Jean-Pierre Duthu, le maire de Labastide, qui a accompagné les parents d'Anthony aux urgences. Il s'agit d'une famille d'agriculteurs qui compte un autre fils, plus jeune.
Le passager du cyclo, Saïd Kouch, originaire de Beyrède-Jumet, a été transporté au centre hospitalier de Tarbes dans un état jugé très grave.
À son tour, Gilbert Rotgé, le maire de Beyrède- Jumet, évoque « une catastrophe ». Anthony et Saïd étaient une paire de copains qui s'entraidaient volontiers. Dimanche, le premier emmenait son ami à la gare de Lannemezan pour rallier Tarbes où il était scolarisé au lycée Jean-Dupuy. « C'était des jeunes très gentils, sans histoires, connus et appréciés de tous, poursuit-il. Ils étaient très serviables. Tous les deux participaient aux activités du comité des fêtes de Beyrède. » Leurs villages n'étaient éloignés que d'une dizaine de kilomètres. Ils se connaissaient depuis longtemps et avaient beaucoup d'amis communs.
Les parents de Saïd sont très connus à Beyrède, indique l'élu. « Sa maman tient un restaurant marocain et son papa possède une petite entreprise du bâtiment ». La famille est nombreuse, il en est le plus jeune fils. « Tout le monde est très attristé, ajoute Gilbert Rotgé. On souhaite soutenir du mieux qu'on peut les parents. »
Quant au conducteur de la voiture, il a été entendu par les gendarmes de Lannemezan. L'enquête se poursuit pour faire toute la lumière sur les circonstances de ce nouveau drame de la route.
accident mortel
«C'est un innocent qui a payé»
Là-bas, tout au loin, après Avezac, en bas de la descente, Labastide. Village de 160 habitants, dans les Baronnies. Une journée d'automne, comme tant d'autres. À part qu'ici, le soleil n'a plus la même chaleur et les couleurs n'ont plus la même beauté.
La vie n'est plus comme avant. Labastide a perdu un de ses enfants. Fauché à 17 ans.
Anthony Crouau est mort dimanche soir, sur son cyclo percuté par une auto sur la RD 929 à Lannemezan (voir notre édition d'hier).
À l'entrée de la commune, Georgette et Thierry sont « abasourdis ». Les yeux rougis, ils confient : « Anthony était un garçon calme, très gentil, ouvert aux autres ».
Tous ceux que nous croisons sont unanimes. Le « gamin » était « attachant ».
Pour Patrick, « c'était un garçon très bien, très poli, qui disait toujours bonjour ». « Bonjour aux jeunes de son âge, mais aussi aux mamies du village dont il aimait prendre des nouvelles », ajoute Fabienne dont le fils était très proche d'Anthony.
Indifférent à personne
« Il n'était indifférent à personne. Il aimait rendre service aux autres », complète cette maman qui a ces mots lourds de sens : « On peut surmonter bien des choses dans la vie, mais la mort d'un enfant, surtout à cet âge… »
Le silence se fait. Elle nous montre les photos de l'adolescent partageant des moments de complicité avec ses copains. On y voit un garçon souriant, avec un maillot de football de l'OM. Son cher « OM ». On y découvre un « gamin » plein de vie. On apprend que quelques heures avant le drame, il parlait de s'offrir un écran plat.
Anthony était tourné vers les autres et vers demain. Mais le destin, ou appelez cela comme vous voulez, en a décidé autrement. Une vie s'est arrêtée. « On en est malades. On ne pensait pas que cela pouvait lui arriver tellement il était prudent », déclare Marie-Claude. « Pas à lui, pas à lui ! » se répète cette amie de la famille.
Christian, son mari, se rapproche de nous. Des larmes coulent sur son visage. Il a une phrase. Cette phrase : « C'est un innocent qui a payé ».
Labastide se tait et pleure son enfant. Respect !

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire