mercredi 15 juin 2011

Lannemezan. Il agresse ses geôliers

Lannemezan. Il agresse ses geôliers
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« Ils avaient des casques et des boucliers. Ils étaient six, j'étais tout seul. Ils sont entrés dans ma cellule pour me passer à tabac, ça s'est retourné contre eux. » Mohamed Doumbia, 34 ans, est poursuivi pour violences sur des surveillants de la centrale pénitentiaire de Lannemezan. L'échauffourée a eu lieu le 30 mai dernier. Une semaine après l'arrivée à Lannemezan de Mohamed Doumbia. C'est son 13e établissement en quatre ans. Lors de son transfert dans les Hautes-Pyrénées, un pull lui appartenant a été égaré. Le 30 mai, Mohamed Doumbia avise un surveillant de la disparition de ce pull et il demande à voir le chef de la détention. Le gardien lui répond qu'il doit effectuer une demande écrite. « Vous vous êtes approché du surveillant et l'avez traité de plaisantin, puis vous lui avez porté un coup pied à l'épaule », raconte la présidente Gadoullet. Le gardien quitte la cellule et déclenche l'alarme. Ils reviennent à six pour conduire le détenu au quartier disciplinaire. Par l'œilleton, les surveillants remarquent une casserole d'eau qui chauffe sur la plaque. Ils font couper l'électricité, craignant qu'il ne leur jette de l'eau bouillante.
Une boîte de conserve dans un linge
Dans la cellule, Mohamed Doumbia a établi une barricade. En pénétrant dans la cellule, un surveillant glisse sur le sol recouvert d'eau savonnée. Même abrités derrière leurs boucliers, les gardiens sont atteints par l'arme de fortune confectionnée par Mohamed Doumbia. Il a noué dans un linge un boite de conserve de 500 g et l'utilise comme une matraque, blessant quatre gardiens. Ces derniers font notamment usage de bombe lacrymogène pour maîtriser le détenu. « Ils ont voulu faire les forcenés et voilà ce qui est arrivé. Ils m'ont dit : 'Ici, on est à Lannemezan, tu vas le savoir. La centrale de Lannemezan, c'est le camp nazi de la pénitentiaire'», se défend Mohamed Doumbia. Au quartier disciplinaire, le détenu menace les gardiens . « Vous leur avez dit qu'ils étaient en insécurité, même dehors », indique la présidente.
Pour Me Chevalier, conseil de trois des surveillants, parties civiles : « Mohamed Doumbia a voulu présenter sa carte de visite aux surveillants… Ces faits sont révélateurs de la difficulté du travail des surveillants. Sans leur professionnalisme, les conséquences corporelles auraient pu être beaucoup plus graves ».
Le substitut du procureur souligne les multiples condamnations du détenu pour violences. Il est d'ailleurs sous le coup d'une double récidive pour des faits similaires. « ça ne l'arrête jamais… Il aime bien casser les fonctionnaires de la pénitentiaire ». Et de requérir la peine plancher de 3 ans.
L'avocate de Mohamed Doumbia explique que son client ne « considère pas que les surveillants sont à son service. Il veut juste qu'ils soient à l'écoute… Il a réagi à l'attitude du personnel ».
Le tribunal a condamné son client à 3 ans de prison ferme. « C'est la troisième agression de gardiens depuis le début de l'année. Suite à la première, un gardien n'a toujours pas repris le travail… Il n'y a plus de respect de l'uniforme… Lannemezan est une centrale de sécurité, mais elle n'en a que le nom. Les plus durs détenus tournent dans les centrales. Nous sommes inquiets sur l'avenir de notre profession », confiait, à l'issue de l'audience, Jean-Claude Vigneau, du syndicat FO des surveillants de la pénitentiaire. Thierry Jouve

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