jeudi 3 mai 2012

phénomène météorologique -- Seysses. Forte solidarité après la tornade

PUBLIÉ LE 02/05/2012 07:55 - MODIFIÉ LE 02/05/2012 À 11:44 | J.-N. G.

Seysses. Forte solidarité après la tornade

phénomène météorologique

Dans le grand hangar de l'exploitation, un neveu de la famille constate les dégâts : plus de toit et le maïs souillé./Photo DDM Thierry Bordas
Dans le grand hangar de l'exploitation, un neveu de la famille constate les dégâts : plus de toit et le maïs souillé./Photo DDM Thierry Bordas
Dans le grand hangar de l'exploitation, un neveu de la famille constate les dégâts : plus de toit et le maïs souillé./Photo DDM Thierry Bordas

Plusieurs dizaines de personnes sont venues aider hier les propriétaires de l'exploitation agricole de Seysses dévastée par une tornade dimanche soir. Les toits des hangars et de l'habitation n'ont pas résisté à des vents de 150 à 170 km/h.

« Des amis, des parents, des gens de partout… C'est une solidarité incroyable. » À La Galiane, à Seysses, une commune située à une vingtaine de kilomètres au sud-ouest de Toulouse, dans l'exploitation agricole dévastée par la tornade dimanche soir, les premiers mots de Barthélémy Bordèse visent à remercier tous ceux qui sont venus prêter main-forte. Barthélémy est un des trois frères qui exploitent cette ferme céréalière de 280 hectares où habite également d'un d'eux, Jean, avec sa famille. Des vastes hangars et de la maison, il ne reste plus de toits. Hier après-midi, dans un champ, une vingtaine de personnes, accroupies, ramassaient des morceaux d'éverite qui recouvrait un hangar. À l'intérieur du bâtiment, le stock de maïs est souillé d'objets divers.

UN SILLON DE 2,7 KM DE LONG

À 72 ans, Barthélémy n'a « jamais vu ça ». La tornade a même arraché dans la terre les jeunes pousses de maïs et elle a propulsé dans un hangar des morceaux de charpente d'un autre édifice… Heureusement, personne n'a été blessé. Xavier, le fils de l'exploitant, alors seul sur place, a senti la tornade passer sur la maison. « Je me suis senti un peu perdu », témoigne-t-il (lire ci-dessous). À l'aide d'un tractopelle, il déblayait hier les débris qui constellent l'exploitation. Beaucoup de travail reste à faire. Les exploitants attendent avec impatience que jouent les assurances.

Le phénomène météorologique exceptionnel a été filmé par des témoins et certaines vidéos, visibles sur notre site, ont déjà été vues plus de 18 000 fois. On y découvre une impressionnante colonne de poussière jaune qui tourne sur elle-même entre le sol et un épais nuage blanc.

Selon l'observatoire des tornades Keraunos, le tourbillon, déclenché par l'orage et la différence de température, s'est déclaré à 19 h 10. Il a duré 4 minutes. La vitesse du vent, selon l'estimation de ces experts, aurait été comprise entre 150 et 170 km/h. Ce qui a causé des dégâts très localisés sur un sillon large de 100 mètres et long de 2,7 km.

Au même moment, dans l'avion du vol Paris-Toulouse, une vingtaine de passagers ont connu une sacrée frousse. « Sans prévenir, au moment où il allait poser l'avion, le pilote a remis brutalement les gaz. Nous sommes montés très vite, presque à la verticale, avant d'être terriblement secoués. C'était impressionnant », témoigne un passager qui n'a découvert que lundi la cause de ce soudain cabrage.


"Le bruit d'un mur qui s'écroule"

« J'étais dans la maison. Il n'y avait pas de vent. Il y a juste eu un orage avec deux coups de tonnerre cinq minutes plus tôt. » Xavier Bordèse, 30 ans, habite et travaille dans l'exploitation familiale La Galiane, à Seysses, où sont produits et stockés du maïs, du blé et du colza. Xavier était la seule personne présente sur place lors du passage de la tornade, dimanche, peu après 19 heures.

« Puis j'ai entendu le vent se lever, poursuit le jeune homme. C'est devenu complètement dingue. Un vent très violent a soufflé. De la poussière jaune s'est élevée dans le ciel. Il y avait comme du brouillard. Sur le toit, les tuiles ont commencé à partir, comme si la maison allait s'effondrer. Le bruit était celui d'un mur qui s'écroule. J'avais entendu dire qu'il fallait se protéger dans ces cas-là. Je me suis alors caché sous le lit. J'ai attendu qu'il n'y ait plus de bruit dans la maison pour sortir. J'ai vu la tornade. C'était comme un tuyau blanc. Elle était encore au-dessus du hangar. »

Pour Xavier, le temps s'est accéléré : « J'ai l'impression que ça a duré au moins une demi-heure alors qu'en regardant les vidéos par la suite, j'ai constaté que la tornade était passée en à peine plus d'une minute. Tout de suite après, je suis allé voir si les animaux étaient vivants. Puis un voisin gendarme est venu demander s'il y avait des blessés. Je lui ai dit que j'étais seul. Une heure après, il y avait déjà beaucoup de monde ici. ça a été très rapide. Nous avons pu bâcher le toit de la maison avant que la nuit tombe. »


questions à

Bruno Mouchet de Météo France

Cette tornade était-elle prévisible et quelle est son origine ?

Non, car c'est un phénomène qui se produit très rapidement. Il est localisé et fugitif. La tornade se forme sur le bord d'un orage. La température est plus élevée que la masse d'air, il y a un déséquilibre thermique. Ensuite cela dépend aussi de la forme du nuage dans lequel se crée le tourbillon. Ces conditions réunies sont rares.

Notre région est-elle sujette aux tornades ?

Pas vraiment, ce phénomène est rare. Nous ne sommes pas dans une configuration comme aux États-Unis. Mais certaines peuvent se former sans qu'on les aperçoive et donc ne sont pas répertoriées. Elles se produisent au printemps généralement. Bien sûr, il arrive qu'il y en ait de plus violentes comme à Ténarèze dans le Gers il y a quelques années, ou bien en Charente.

Peut-on attribuer ce phénomène à un quelconque changement climatique ?

Je ne crois pas, ce serait beaucoup s'avancer que de rattacher un phénomène aussi localisé au changement global, d'autant qu'à ma connaissance, il n'y a pas eu d'autre tornade en France dans la même période.


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