jeudi 5 septembre 2013

Énergies, eau, alimentation : ces ressources qui s'épuisent

Énergies, eau, alimentation : ces ressources qui s'épuisent


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Les émissions de CO2 ont continué d'augmenter sur la planète. - Philippe Desmazes - AFP/Archives
Les émissions de CO2 ont continué d'augmenter sur la planète.Philippe Desmazes

Depuis 10 ans, l'ONG canadienne Global Footprint Network calculent l'empreinte écologique des hommes et les résultats ne sont pas très rassurants.

Énergies : pour combien de temps ?

Connaissez-vous le «Pic de Hubbert» ? Non, ce n’est pas une des aiguilles de nos belles Pyrénées, mais ce pic-là se situe plutôt… sous terre. On l’appelle aussi pic pétrolier et on le situe vers 2030. C’est la date à laquelle, selon les estimations, la production de pétrole commencera à décliner. Entre 1970 et 2000, la consommation d’énergie mondiale a doublé. On s’attend à ce qu’elle double à nouveau d’ici 2 050. L’utilisation d’énergie est toutefois inégale, la consommation électrique est de 83 kilowattheures dans les pays les moins développés contre une moyenne de 8 053 kWh dans les pays de l’OCDE. L’approvisionnement énergétique de la planète repose à 81 % sur les énergies fossiles (pétrole, gaz, charbon).
Les réserves du pétrole, du gaz naturel et du nucléaire seront largement épuisées avant la fin du XXIe siècle et le charbon d’ici deux ou trois siècles : pétrole, 50 à 100 ans ; gaz, 60 à 70 ans ; charbon, 200 ans ; nucléaire à neutrons lents, de 12 à 60 ans selon la consommation mondiale.
Dès lors, on se tourne de plus en plus vers les énergies renouvelables, comme le solaire, l’éolien, l’hydraulique, la géothermie ou la biomasse. Mais les techniques d’exploitation sont encore très coûteuses, plus coûteuses que celles des énergies fossiles. Dans le domaine des fausses bonnes idées, il faut citer les agrobiocarburants qui ont constitué un bel espoir, mais à présent, on réalise qu’une trop grande part de l’agriculture risque d’être détournée de l’alimentation pour fournir de l’énergie… Deuxième «roue de secours» : le gaz de schiste, qui a certes permis aux États-Unis de sortir de la crise largement avant l’Europe, mais avec des conséquences écologiques si désastreuses qu’en Europe, les réticences sont très nombreuses.
De pus, il n’y a pas que le pétrole ou le charbon qui manqueront un jour… Il y a aussi tous les métaux dont nous nous servons chaque jour et qui peu à peu vont s’épuiser. Certains minéraux rares, comme le terbium, la cryolite ou le hafnium ont pratiquement disparu des mines. On prévoit à plus ou moins long terme l’épuisement des gisements d‘argent, or, zinc, plomb, cuivre, uranium, nickel, platine…

Fin des ressources minérales ?

Cela devient déjà problématique quand on sait que les réserves de certains métaux sont insuffisantes pour assurer la généralisation des nouvelles technologies qu’ils ont permis de mettre au point. De plus, l’expansion de la sidérurgie chinoise, qui produit à l’heure actuelle un tiers de l’acier mondial, est à l’origine de l’explosion de la consommation de minerai de fer, celle-ci ayant atteint 1 300 millions de tonnes en 2005. Conséquence : les prix de ce minerai ont doublé depuis 2002. Quant au plomb, sa demande est passée de 2 à 20 % entre 2003 et 2007 et son prix s’est multiplié par 8 ! Pourquoi ? En raison de la forte hausse des besoins en batteries.

La bataille d'eau

Nous n’avons jamais eu autant besoin d’eau,et paradoxalement, nous ne faisons rien pour bien la traiter. L’extension des zones habitées, le goudronnage, le bétonnage des sols, accentuent le ruissellement, tandis que l’agriculture et l’industrie réclament toujours plus d’eau. Actuellement, 35 millions de km2, soit le quart des terres émergées sont soumis à un phénomène de dégradation. Lors de la dernière mesure, en 1991, ce taux n’était que de 15 %. On estime qu’un tiers environ de la superficie des terres émergées du globe, soit environ 4 milliards d’hectares sont menacés de désertification et 600 millions d’hectares sont déjà en voie de désertification dans le monde.
Au total, en environ 20 ans, c’est l’équivalent de la surface agricole des États-Unis qui aurait été perdu selon le magazine Géo. Près de 27 000 km2 prennent la voie de la désertification chaque année du fait d’une mauvaise gestion des sols. Du coup, 24 milliards de tonnes de sols fertiles disparaissent tous les ans. Au bout du compte, 41 % des terres de la planète sont constitués de zones arides ou semi-arides.
Dans ces conditions, les fleuves deviennent des enjeux géopolitiques majeurs. On craint qu’à l’avenir, de nombreux conflits naissent autour de l’exploitation de l’eau des fleuves, notamment en Afrique, au Moyen-Orient et en Asie.

Alimentation : trop de bouches à nourrir

La nourriture va se trouver au cœur des défis de demain, avec des équations à inconnues multiples. L’alimentation va dépendre à la fois d’eau qui sera disponible pour la production, du climat, dont on sait qu’il peut changer radicalement dans les années à venir, avec le réchauffement climatique, de la possibilité d’utiliser les énergies pour produire ou non cette alimentation, de la désertification, qui gagne certains pays subsahariens… Va-t-on choisir d’utiliser les terres fertiles pour les agrobiocarburants ? Ou pour y construire des habitations ? Sachant qu’en 2050, il faudra nourrir environ 9 milliards d’individus sur cette terre…
Déjà, deux aspects suscitent des interrogations : est-il raisonnable de produire autant de viande quand on sait que 33 % des terres cultivables sont destinées à produire l’alimentation… des animaux d’élevage. Il faut 7 à 10 kg de végétaux pour faire 1 kg de viande bœuf, 4 à 5,5 kg pour 1 kg de viande de porc… Sans parler du coût en eau : 15 000 litres pour 1 kg de viande…
Deuxième menace : celle d’une pénurie de poissons qui n’est pas une vue de l’esprit, si l’on considère la surpêche telle qu’elle se déroule de nos jours. Le thon rouge a bien failli disparaître de la Méditerranée : après plusieurs années de quotas stricts, les indicateurs se sont remis au vert, signe qu’il est encore temps d’agir pour éviter la catastrophe globale…

Co2 : toujours plus

Le protocole de Kyoto n’a pas changé grand-chose : les émissions de CO2 ont continué d’augmenter sur la planète. L’Europe reste la bonne élève, tandis que les États-Unis et les pays émergents, la Chine en tête, continuent de rejeter des tonnes de CO2 dans l’atmosphère. Pour les experts mondiaux, il ne fait aucun doute que le changement climatique doit être relié à l’activité humaine en général et aux rejets de CO2 en particulier.

Déchets : l'ultime ressource ?

On commence petit à petit à recycler les déchets en Europe… Ailleurs, on est encore très loin de se préoccuper de la gestion de déchets. Pourtant, c’est peut-être bien là que l’on risque de retrouver une partie de nos ressources de demain, notamment grâce au recyclage des métaux précieux utilisés dans les nouvelles technologies, et dans l’utilisation de la biomasse comme source d’énergie. Mais cela nécessitera une vraie révolution culturelle. Qui n’en est qu’à ses balbutiements.

quiz

Le saviez-vous ?

Le charbon, symbole du XIXe siècle industriel, est-elle une énergie de plus en plus délaissée ?
Au contraire. Tiré par la demande de la Chine et de l’Inde, le charbon deviendra même en 2017 la première source d’énergie dans le monde. Et ce malgré les efforts de l’Europe en faveur des énergies décarbonées, de l’éolien et du solaire. Le charbon consommé continue de progresser, même s’il est le plus polluant des combustibles fossiles.
Combien faut-il de litres d’eau pour produire un kilo de céréales ?
1 500 litres d’eau se révèlent suffisants, ce qui donne raison aux végétariens. La production de céréales nécessite une dépense en énergie et en eau moindre que pour la production de viandes. Selon des chiffres de l’Unesco, il faut 15 000 litres, soit 15 m3 pour produire un kilo de viande bœuf.…
Que représentent en volume les fuites d’eau sur notre réseau de distribution ?
Le volume total d’eau distribué dans nos robinets en France est largement amputé par les fuites dans les canalisations sur le réseau de distribution français, pourtant l’un des meilleurs du monde ! 41 200 litres d’eau sont ainsi gaspillés chaque seconde en France.
La déforestation est-elle le pire émetteur de gaz à effet de serre ?
Oui. Selon Greenpeace, le Brésil est le quatrième pire émetteur de gaz à effet de serre (GES) au monde. La majorité de ses émissions provient de la destruction par abattage et par brûlis de la forêt amazonienne. À l’échelle mondiale, la destruction des forêts tropicales est responsable d’environ 20 % des émissions de GES. Qu’entend-on par Agenda 21 ?
C’est un plan d’action pour le XXIe siècle. Il a été adopté par 173 chefs d’État lors du sommet de la Terre, à Rio de Janeiro, en 1992 afin de préserver l’environnement.

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